Un art divinatoire est une technique de divination, qui consiste à acquérir des prédictions pour le futur. Il en a plusieurs centaines, partant des plus réputés, tel que la cartomancie qui est la lecture du futur dans les cartes aux plus secrètes, tel que l’ologymancie qui est l’interprétation des hurlements de chiens.
Préoccupation millénaire, dont la source remonte à celle des premiers hommes qui déjà ont essayé de prédire la destinée qui régit nos actes et l’avenir inconnu…
Quête universelle : on ne peut pas mentionner un peuple dans les annales qui n’a pas utilisé des arts divinatoires sous n’importe quelle forme.
Les arts divinatoires captivent les hommes depuis toujours, par leurs aptitudes à déceler des présages via de divers supports et objets : boule de cristal, pendule, runes, dominos, marc de café, feuilles de thé, coquillages, flammes, pièces, bouts de bois. Aussi étonnants les uns que les autres, ils vous livreront d’inestimables présages dans toutes les propriétés de votre vie.
Les pratiques les plus perceptibles sont les horoscopes astrologiques, prisés par la presse écrite populaire et des productions des graphologues, notamment utilisées en France lors des embauches.
Petite chronologie des arts divinatoires…
Dans les éminentes civilisations anciennes, l’art de la prédiction était pièce courante. Chaque personne, du moins les suzerains, les citoyens libres, les bien nantis et ceux qui avaient un certain renom, consultait habituellement des astrologues et des devins afin de connaître leur avenir. Éventuellement par doute, par crainte et peur de leurs destinées, ou peut-être autant pour se soustraire à l’implication de prendre certaines décisions graves, on réclamait à l’oracle, au devin, à la pythie ou au prêtre chargé de la divination de prédire l’avenir.
Certaines formes d’art divinatoire existaient alors, cependant la plus répandue était la lecture de foies d’agneau. L’agneau, éternelle offrande, devait payer de sa vie afin de répondre aux plus insignifiantes questions : « devrais-je me marier ? » « à quel endroit ais-je égaré tel collier ? » ; « deviendrai-je riche ? », et autres interrogations existentielles. Le foie, étant tout chaud, livrait selon une codification dûment établie par les pratiquants, les répliques attendues dans une multitude d’explications qui laissait abondamment de place au hasard. Cette lecture du foie devint si estimée d’ailleurs que l’on transcrivait, sur un simulacre en argile, les divinations aperçues dans le foie de l’animal, tablette que l’on donnait ensuite aux intéressés.
L’art divinatoire dans l’Egypte ancienne
En Égypte, on utilisait les oracles. Les rois, particulièrement, s’y référèrent avec grand fracas, histoire de légitimer leurs décisions politiques, dès lors affirmées par les dieux. Les bourgeois égyptiens les interrogeaient également afin de s’informer des améliorations dans leur vie professionnelle, pour connaître les chances de guérison d’un malade, pour démasquer des voleurs, pour apprendre le sexe d’un enfant à naître…
Généralement, la réplique de l’oracle ne se traduisait que par un oui ou par un non, et se transmettait par le déplacement avant ou le déplacement arrière d’une statue à l’image d’un dieu. Les questions, marquées sur un bout de manuscrit ou de roseau, pouvaient identiquement être posées oralement selon les procédés autorisés par l’oracle. D’autres temples égyptiens prônaient la révélation par le biais des rêves. Les fidèles passaient alors la nuit au temple, espérant qu’une vision en rêve ne vienne les libérer de leurs interrogations. Ces rêves réclamaient par la suite un éclaircissement, le plus souvent approvisionné par une personne désignée à cette fonction. Dans certains temples particuliers, c’était la voix du dieu que l’on pouvait percevoir, canular divin organisé par des prêtres chargés de calmer la population angoissée.
Dans la Grèce antique
La Grèce fit reconnaître ses divins oracles via tout le monde antique tant ils furent connus. Celui de Delphes, par exemple, où célébrait la réputée Pythie tenant ses prédictions d’Apollon lui-même, connut une si grande célébrité que l’on y envoyait des ambassades d’autres cités afin de le consulter. Ce sont des prêtres qui répliquaient alors par écrit aux nombreuses interrogations et qui les transcrivaient en vers pour que les fidèles puissent les garder.
l’Empire romaine
Dans tout l’Empire romain, les consultations furent à leur summum dans les rangs de l’aristocratie. Les luttes de pouvoir, les fratricides, parricides, matricides… ne connurent jamais autant de répercussions que sous le règne des empereurs romains. Chacun y allant de ses propres méthodes en question de d’anticipation aux assassinats, les prophéties émises à partir d’entrailles d’animaux sacrifiés lancèrent de nombreux innocents dans la mort après qu’ils eurent été donnés comme éventuels successeurs au trône. L’un des plus connus de ces devins romains fut Pammène qui augure, cinq ans avant l’événement, le grand incendie de Rome en 64.
Alors que certains observent et étudient le comportement des volatiles afin d’établir leur prophétise de l’avenir, que d’autres s’y lancent par le biais de toute symbolique dans la nature, le 15e siècle laissa libre cours à ses instincts ancestraux en question de divination. La profession de devin à ce point grotesque que l’on usa tout et n’importe quoi afin d’élaborer des prophéties aussi grotesques qu’enthousiastes des grandes tirades antique. François Rabelais (v.1494-1553), pour bien en dénoncer le burlesque, appela même l’un de ces techniques : l’étronmancie. En revanche, et bien que les épigrammes s’accroissent au sujet des devins et autres astrologues, les avis étaient divisés : certains en contredisaient la moindre allégation alors que d’autres se captivaient pour la part de vraisemblance que cachaient certaines allégations, notamment celles du célèbre Michel de Nostradamus (1503-1566).
Lutte entre religion et art divinatoire
Pourtant, l’ère étant aux troubles de l’Inquisition, les devins et astrologues furent dès lors suspectés de satanisme et de trafics hérétiques. Tout se joua autour de la pertinence des méthodes divinatoires, qui pouvaient, en étant acquises comme crédible, entrer instantanément en conflit avec le pouvoir clérical.
Force est de remarquer que médecins et agriculteurs n’en usaient pas moins à des signes apparents afin d’exercer leur profession et prédire des résultats à venir, mais cette lecture de symboles divins ne se pratiquait pas hors des autorités cléricales, réciproquement à la divination, qui préjugeait un commerce direct entre une instance divine et des devins, sans passer par les médiateurs que Dieu avait choisis sur terre : l’inéluctable clergé. Thomas d’Aquin (1225-1274) parlait déjà au 13e siècle de la divination qu’elle était : « une usurpation indue des droits de Dieu ». Les arts divinatoires, efficients ou non, effaraient la vérité religieuse, de toute évidence, et c’est en 1586 que le pape Sixte-Quint en bannit la pratique dans une bulle célèbre.